Depuis deux mois je vis au Congo, à Kinkala, à 75 km de Brazzaville. C’est à la maison du Noviciat et postulat que je passe le plus clair de mon temps. Nous sommes 7 personnes : 3 sœurs, Victorine infirmière à l’hôpital de Kinkala et responsable du groupe des 10 sœurs vivant au Congo ; Maud maîtresse des novices et postulantes ; et moi, envoyée pour renforcer le français et la culture générale chez les jeunes en formation. Elles sont 4 jeunes : 1 novice et 3 postulantes.
Nous avons la chance de vivre dans une grande maison confortable, en briques, entourée de verdure, et d’arbres. L’Equateur traverse le Congo Brazzaville en son milieu, mais en cette saison, la température est plus clémente car abaissée par des pluies et orages presque quotidiens. Sr Victorine, qui à peine arrivée de l’hôpital, s’enfuit aux champs pour préparer, semer et bientôt récolter les arachides, vous dirait qu’il fait chaud, très chaud dans cette chaleur moite.
Pour vivre le maximum par nous-mêmes, les sœurs dans les trois communautés, ajoutent des ressources, donc du travail de production. Ici nous avons « une mini-ferme » avec élevage de lapins, de cobayes, (fumier pour le jardin) de volailles, de canards. La semaine, un ouvrier prend tout cela en charge, mais le week-end, il faut l’assurer. J’admire la dextérité, le savoir-faire, le courage, de ces femmes et jeunes filles africaines, qui sont habituées à organiser et fournir ce travail en plus de celui de la maison. La vie de la famille « au village » repose sur la femme. Et en ville, les familles ne rêvent que de pouvoir s’acheter une parcelle pour y construire la maison et le jardin potager, planter les manguiers, et ainsi pouvoir manger.
Nos 3 communautés sont très solidaires. La ferme de Kinkala, fournit légumes, mangues et letchis, et apporte de l’eau, du combustible aux 2 autres communautés. Le jus de mangues et les sorbets sont vendus aux élèves de Makélékélé, et les compotes et confitures de fruits sont servis aux petits déjeuners des hôtes de la maison d’accueil de l’autre communauté de Brazzaville, lesquelles communautés nous accueillent et nous hébergent fréquemment.
« C’est la crise » répète-t-on ici, la manne du pétrole faiblit, et le FMI impose de nouvelles structures à l’économie. Période de transition et pré-électorale, les élections présidentielles sont pour 2021.
Le fait de résider dans le pays, de partager la vie et la condition des gens donne plus de possibilités de comprendre ce qui advient. Ma plus grande révolution mentale est de découvrir les gens « hommes et femmes » pleins de tendresse et d’égards mutuels. Je ne l’avais pas soupçonné aussi fort, lors de précédents séjours. Dans ce village de Kinkala, où la vie est rude pour les paysans et les femmes qui cherchent l’argent par les ventes de légumes et fruits, poissons, chaque jour au marché, le travail et le courage ne manquent pas. Et le sourire non plus…
Voilà ce que je peux dire au terme de ces deux mois.
A tous les amis d’Horizons Nouveaux je souhaite une belle et bonne année 2020, et je leur dis mon merci pour l’accompagnement généreux de nos projets.
NB. Les photos prises avec le téléphone ne peuvent pas donner idée de la beauté du paysage ici. Dommage. Tout reflète la paix, la sérénité, la beauté et la richesse de la végétation.